COP26 : le point sur les négociations avec Marine Pouget du Réseau Action Climat

Quelques heures avant les ultimes négociations de la COP 26, les ONG portent un regard mitigé sur les projets de résolutions en cours, comme l’explique Marine Pouget, responsable de la gouvernance internationale au Réseau Action Climat.

Propos recueillis par Myriam Goldminc et Anne Henry-Castelbou, envoyées spéciales à Glasgow

« Concernant l’atténuation, c’est-à-dire la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, il y a des choses intéressantes. Notamment, pour la première fois, la sortie des énergies fossiles est inscrite dans le texte. Bien sûr, il existe quand même un focus sur le charbon et quand on va dans le détail, le gaz est absent. Il y a aussi la question des subventions. Par exemple, la France pourrait sortir des émissions fossiles sur son territoire, mais pourrait continuer à subventionner des projets à l’extérieur. Autre point négatif : le financement climat, en particulier l’adaptation et les « pertes et dommages » pour les pays les plus pauvres . Là, on n’a pas avancé : pas de dates, pas de chiffres précis. On n’entend que des phrases du genre : il faudrait mieux soutenir les pays en développement face au changement climatique. Les pertes et dommages sont difficiles à quantifier tellement c’est énorme. Il manque aussi des données des pays en développement pour dire : on a autant de catastrophes, autant de victimes, autant de réparations. Du coup, les pays développés jouent là dessus en disant qu’on n’a pas toutes les infos. Il y a de la part des pays industrialisés un déni politique vis à-vis de leur responsabilité historique par rapport au pays en développement.

Concernant le marché du carbone, un point positif : on garde les droits humains comme ligne rouge. Mais ce qui est moins bien, c’est le manque de clarté concernant la mise en place d’un mécanisme juridique quand ces droits ne sont pas respectés. Il faudrait que la plainte soit portée par un organisme indépendant, mais ce n’est pas dans le texte actuel. On ne sait pas de quel côté la balance va basculer. Enfin, la plupart des pays ont prévu dans leurs plans la neutralité carbone. Cependant, si on continue sur la même trajectoire, on serait à 2,4 °C d’ici 40 ans. Avec cette projection, une bonne partie de la planète sera fortement impactée. »

Photo du haut : les « pertes et dommages » (loss and damage) au coeur des ultimes négociations de la COP26 de Glasgow © Myriam Goldminc