L’Homme cet animal raté par Pierre Jouventin

Comprendre le Monde avant de vouloir l’expliquer, voilà une bonne entrée en matière pour cet ouvrage scientifique, que tout un chacun, étudiant et lycéen compris devraient étudier …
C’est une réflexion sur l’Homme, cet inconnu.
Mais ce n’est pas un livre de plus sur le « comment de l’effondrement », car il dévoile plutôt les rouages d’un système remontant au néolithique qui nous a mené à l’impasse d’aujourd’hui.

A l’instar de Jean-Baptiste Lamarck – le père fondateur de la biologie – précurseur de Darwin, l’ambition de Pierre Jouventin, Docteur d’État en écoéthologie, est d’étudier l’Homme dans la même optique que celle des animaux. Il s’agit de l’Histoire naturelle en y insérant les récentes découvertes scientifiques, hélas trop peu connues du grand public, afin d’entrevoir plus avant cette nature de l’humain qui a échappé à nos prédécesseurs.
Nous apprenons par exemple que les paramécies sont dotées de deux fois plus de gênes que nous ; qu’une nouvelle découverte de pierres taillées serait datée de 3,4 millions d’années ; que les ethnologues ont découvert que les temps de loisirs et les relations sociales étaient plus importantes chez le chasseurs-cueilleurs ; que les neurosciences ont révélé que l’empathie et l’altruisme sont des bases universelles reconnues chez tous les mammifères ; que l’épigénétique nous révèle que le génome peut être modifié par le milieu où l’on vit…
Vouloir expliquer l’Homme sans en avoir décrypté les rouages mène à une impasse, affirme le spécialiste en écologie comportementale.
« L’Homme cet animal raté » nous dévoile derechef la face cachée de cet échec et de cette décadence consciente ou inconsciente.

Fort d’une riche expérience comme Directeur de recherche pendant 40 ans au CNRS, dont 13 années sur le terrain pour étudier les relations entre les êtres vivants et leur milieu, la trajectoire de Pierre Jouventin est bien vouée à la recherche de nos origines, jusqu’à décrypter la niche écologique de l’humain. Mais si l’on sait que l’Homme descend du singe, le loup est – pour Jouventin – le mammifère qui s’apparente le mieux à l’être humain. Et le chercheur de faire une distinction entre le code génétique d’une part, qui nous relie aux primates, et les qualités cognitives et adaptatives du loup (empathie-altruisme). L’écoéthologue prend certes acte de la difficulté de découvrir la niche écologique de l’Homme de part son caractère impermanent bien qu’elle se rapproche de la vision des préhistoriens avec les primates-chasseurs des forêts africaines.
Mais si beaucoup de points d’interrogations subsistent, le plus grand piège pour l’auteur de cette édition réactualisée n’est pas l’absence de la clé de l’origine, mais bien plus nos élucubrations savantes qui bien que toutes louables soient-elles, peuvent nous faire éloigner de l’essence de l’Homme.


Éditions Libre & Solidaire, 2020, 335 pages, 21€ – http://libre-solidaire.fr
Contact presse : Jean-Paul Barriolade. Tel.01 48 74 15 23 / 06 84 83 87 64
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(Michel Cros)