Une conférence au Mans sur la pollution lumineuse

A l’initiative de Sarthe Nature Environnement, le secrétaire général de l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes, Pierre Brunet, est venu donner une conférence le 18 novembre 2016 à l’ENSIM (Ecole nationale supérieure d’ingénieurs du Mans) pour présenter les divers aspects de la pollution lumineuse.

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par Roger Cans

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ANPCEN-LOGO Bandeau_violet.epsLes premiers à dénoncer les méfaits de la pollution lumineuse ont été les astronomes, gênés dans leurs observations par des ciels trop éclairés. Mais ce sont aujourd’hui les naturalistes qui s’en plaignent, en constatant les méfaits de l’éclairage public sur la faune sauvage aux habitudes nocturnes. « La nuit, c’est la moitié de la vie », dit-on à juste titre. En effet, une bonne part de la faune sauvage s’active durant la nuit, et notamment à l’aurore et au crépuscule. Les réverbères allumés la nuit attirent les insectes, complètement déroutés de leurs parcours habituels, et les insectes attirent à leur tour les chauves-souris, elles aussi déroutées.

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Pierre Brunet présente alors des images tournées à New York au-dessus de Ground Zero, où deux projecteurs verticaux attirent les oiseaux migrateurs, complètement déboussolés. Il montre aussi les ponts de Lyon, inondés de lumière toute la nuit par des projecteurs. Il cite un fait peu connu : aux Pays-Bas, les serres ne peuvent s’allumer qu’à minuit pour ne pas gêner les riverains. Mais elles diffusent alors une lumière qui perturbe la vie de bien des animaux nocturnes. Il rappelle que la pêche au lamparo, très pratiquée à travers le monde, provoque chaque fois un afflux anormal de poissons qui facilite les pêches miraculeuses. La lumière naturelle, comme le clair de lune, régule les migrations verticales du plancton dans l’océan et la reproduction des coraux dans les eaux tropicales. Mais toute lumière artificielle perturbe ces cycles naturels et compromet parfois gravement la vie des animaux.

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Le conférencier évoque alors la trame verte et bleue, instaurée lors du Grenelle de 2010, et la loi sur la biodiversité promulguée l’été dernier. Cette loi ne comporte qu’une phrase sur la pollution lumineuse, en fin de paragraphe, comme pour mémoire, mais sans le moindre détail. A l’aide de cartes qui présentent les zones lumineuses de la Sarthe et les régions préservées, comme dans le Perche, il propose de mettre en œuvre une politique de corridors biologiques qui permettent aux animaux nocturnes de se déplacer sans « barrières lumineuses ».

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Et l’on aborde alors l’éclairage public, qui est de la compétence exclusive du maire. Mais ce sont les vendeurs de matériel qui emportent presque toujours la décision. Il existe une panoplie de réverbères, lampadaires et luminaires de toutes formes et de toutes puissances, mais les communes se laissent trop souvent forcer la main. Lorsque la commune décide de supprimer les lampadaires boules, qui éclairent le ciel, ils adoptent aujourd’hui les réflecteurs à LED, qui diffusent une lumière blanche très violente. Pierre Brunet présente alors des photos de l’éclairage public en Autriche et en Allemagne, beaucoup plus faible qu’en France.

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Dans beaucoup de communes, on revient maintenant à l’extinction des feux durant la nuit, et même à aucun allumage durant l’été, lorsque le jour est beaucoup plus long que la nuit. Les statistiques de la gendarmerie sont formelles : l’extinction des feux n’a aucune incidence sur les délits et diminue les accidents de circulation. On roule moins vite dans le noir.

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